Monthly Archives:mai 2017

Green Connexion et ses membres à l’UICN pour la journée Mondiale de la Biodiversité

L’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) est uneunion de Membres composée de gouvernements et d’organisations de la société civile. Elle offre aux organisations publiques, privées et non-gouvernementales les connaissances et les outils nécessaires pour que le progrès humain, le développement économique et la conservation de la nature se réalisent en harmonie.

Créée en 1948, l’UICN s’est agrandie au fil des ans pour devenir le réseau environnemental le plus important et le plus diversifié au monde. Elle compte avec l’expérience, les ressources et le poids de ses 1300 organisations Membreset les compétences de plus de 16 000 experts. Elle fait aujourd’hui autorité au niveau international sur l’état de la nature et des ressources naturelles dans le monde et sur les mesures pour les préserver. Nos experts se divisent en six Commissions, dédiées à la sauvegarde des espèces, au droit de l’environnement, aux aires protégées, aux politiques économiques et sociales, à la gestion des écosystèmes, et à l’éducation et la communication.


Visite à l’UICN Cameroun

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Les actions de Green Connexion pour la conservation des plantes aquatiques

Les actions de Green Connexion pour la conservation des plantes aquatiques d’eau douce au Cameroun (2014 – 2016)

Preasious Forbi, Marlène Ngansop T., Mireil Tchoupou V., Eric Ngansop T. & Jean-Paul Ghogue (09 Mai 2017).

L’équipe de Green Connexion lors d’une remontée de la Sanaga en pirogue à moteur pour rejoindre l’embouchure de la rivière Djikem. Photo@greenconnexion. 2016.

Au Cameroun à l’heure actuelle, nous œuvrons dans le domaine de la conservation des plantes aquatiques d’eau douce dans les fleuves Sanaga, Nyong, Mbam, Ntem et Djikem. Nous œuvrons surtout dans la protection et la conservation des plantes directement menacées par la construction des barrages hydroélectriques et des barrages de retenue.

Sur le fleuve Sanaga, sous un contrat avec le Projet hydroélectrique de Nachtigal depuis 2015, Nous essayons de sauver d’extinction les plantes Ledermanniella sanagaensis (CR=en danger critique d’extinction) et endémique des chutes de Nachtigal où la construction du barrage du même nom est prévue, Ledermanniella thalloidea (EN=en danger d’extinction), toutes deux appartenant à la famille des Podostemaceae ; de Dregea abyssinica (CR à l’échelle nationale) appartenant à la famille des Asclepiadaceae.

L’équipe de Green Connexion lors d’une prospection sur le lit du fleuve Sanaga. Photo@greenconnexion. 2015.

Le fleuve Mbam étant le plus important affluent de la Sanaga, nous recherchons s’il existerait dans ce cours d’eau des plantes menacées sur la Sanaga par la construction des barrages. Nous y recherchons depuis 2016 les espèces citées plus haut, mais aussi Dicraeanthus zehnderi, Winklerella dichotoma, Zehnderia microgyna toutes les trois globalement CR, mais qui sont actuellement endémiques des chutes de la Sanaga à Edéa.

 

Nous effectuons sur le fleuve Djikem, cours d’eau qui se jette dans la Sanaga aux alentours de Mbandjock, le même travail de recherche que sur le Mbam.

Le Nyong est le deuxième plus grand cours d’eau du Cameroun après la Sanaga. Dans le cadre d’un sous-contrat avec Oréade-Brèche qui travaille pour la société Platinum Power, Green Connexion a, en 2016, effectué un inventaire sommaire des espèces aquatiques d’eau douce sur ce fleuve, et les résultats montrent qu’il comporte de nombreuses

L’équipe de Green Connexion lors d’une mission de prospection sur le fleuve Mbam. Photo@greenconnexion. 2016.

espèces intéressantes du point de vue de la conservation, par ce que menacées à de degrés divers. On peut citer par exemple Saxicollela nana (endémique du Nyong) et Ledermanniella boumiensis toutes deux (VUD2), Ledermanniella schlechteri, Ledermanniella bifurcata et Macropodiella heteromorpha toutes les trois (VU B2ab(ii,iii)) et Impatiens letouzeyi (EN).

Comparée à la Sanaga, actuellement, le fleuve Nyong reste relativement peu perturbé. Pour tout projet sur ce dernier, les exemples des espèces menacées ci-dessus montrent l’importance des initiatives de conservation des plantes aquatiques d’eau douce à la base c’est-à-dire avant le démarrage de tout projet d’envergure.

Dans le cadre du projet hydroelectrique de Memve’ele, nous avons prospecté et cartographié les sites favorables à une éventuelle transplantation des Podostemaceae menacées par le dit barrage sur les fleuves Ntem et Diwomé, à l’est et à L’ouest de Nyabessan (Nkong-meyos, Mvi’li Mengale, Nsebito, Nnemeyong, Ntebesock, Chantier barrage et Ebianemeyong), et les plantes à protéger sont Ledermaniella ntemensis (CR) et Ledermaniella annithomae (EN).

L’équipe de Green Connexion sur les cascades du fleuve Nyong à Dipippy. Photo@greenconnexion. 2016.

L’équipe de Green Connexion lors d’un inventaire sur les cascades du fleuve Ntem. Photo@greenconnexion. 2015.

Généralement, quand un grand projet est entrepris sur un grand cours d’eau, même avec la bonne volonté, les actions de conservation in situ (sur le site du projet) sont difficiles et coûteuses. Dans ce contexte, la transplantation (enlever l’espèce menacée pour aller la replanter ailleurs), la recherche et la conservation de nouvelles populations sont très souvent envisagés comme la meilleure alternative.

Or la plupart des plantes aquatiques d’eau douce sont très regardantes en termes de conditions physiques et chimiques du milieu. Pour garantir une chance de succès à une éventuelle transplantation, il faudrait que les conditions dans le milieu source soient proches sinon identiques à celles dans le milieu hôte.

L’équipe Green Connexion lors d’une traversée de la Biwomé. Photo@greenconnexion. 2015.

En 2014-2015, sous un financement de Rufford Small Grant, nous avons étudié les conditions physiques

et chimiques des eaux de la Sanaga à Nachtigal, puis Edéa et comparé à celles des eaux des fleuves Afamba, Mbam, Kelle, Nyong, Dibang, Lep Riton et Ngwei.

Statistiquement, les caractéristiques physico-chimiques de la Kelle et de Lep Riton étaient plus proches de celles de la Sanaga à Edéa et Nachtigal. Ces deux fleuves constituaient de ce fait les meilleurs sites pour une potentielle transplantation des Podostemaceae endémiques en provenance des sites menacés d’Edéa et Nachtigal. Cependant, les deux cours d’eau ne sont pas des affluents de la Sanaga. En prenant en compte la taille du fleuve ainsi que son lien de parenté avec la Sanaga, le Mbam avait également été retenu comme site pour une éventuelle transplantation.

Perspectives

Le Cameroun comporte de très nombreux barrages. Les actions de conservation des plantes aquatiques d’eau douce dans les cours d’eau où sont

construits ces barrages, si elles ne sont pas inexistantes, sont diverses et isolées. Pourtant un cours d’eau tient en un tout. Quand plusieurs barrages y sont construits, leurs actions de conservation
se doivent d’être concertées et coordonnées. Nous envisageons dans un avenir proche, de concert avec les ministères de l’eau et de l’énergie du Cameroun, de l’environnement et de la protection de la nature, l’UICN et toutes les parties prenantes sur le terrain, la mise en place d’une plateforme commune de réflexion et d’échange sur les actions en faveur de la conservation de biodiversité d’eau douce dans les grands fleuves du Cameroun.

Echantillons d’eau

Sanaga: Un fleuve très sollicité.

Marlène Ngansop, Preacious Forbi & Jean-Paul Ghogue.

Green Connexion (04 Mai 2017)

Localization of River Sanaga in Cameroon. Source: Wikipedia

Localisation

Le bassin de la Sanaga, estimé à 133 000 Km2, occupe la partie centrale du Cameroun, dans la zone de contact forêt-savane, et est situé entre 3o22 – 7o22 latitude N et 9o45 – 14o57 longitude Est. Depuis sa source principale sur le plateau de l’Adamaoua jusqu’à ce qu’il se jette dans l’océan Atlantique, le fleuve Sanaga s’écoule à travers quatre régions du Cameroun, en l’occurrence l’Adamaoua, l’Est, le Centre et le Littoral.

Présentation

Le fleuve Sanaga parcourt une distance d’environ 920 Km depuis sa source jusqu’au golfe de Guinée, avec un débit d’environ 2200 – 3200 m3/s pendant la haute saison pluvieuse. Trois sections principales  se distinguent dans le fleuve en l’occurrence : la haute Sanaga dominée par le fleuve Djerem dans l’Adamaoua ; la moyenne Sanaga représentée par le fleuve Mbam qui prend sa source depuis les hautes terres de l’ouest et rejoint la Sanaga quelques 80 Km plus bas ; et la basse Sanaga qui est la partie basse du fleuve après le barrage hydroélectrique d’Edéa jusqu’à l’océan Atlantique. Plusieurs autres petits affluents de la Sanaga existent. Le fleuve est riche en chutes et en rapides. Son lit est en majorité rocailleux avec de grand dépots de sables.

Un fleuve très sollicité

Plusieurs activités ont lieu sur le fleuve Sanaga:

Pêche: Les réservoirs sont surpêchés, plus souvent par les pêcheurs en provenance d’autres parties du pays ou de pays voisins. En fait, la pêche ne constitue pas l’activité principale des populations riveraines. Elles ont surtout besoin de fleuve et ses zones humides pour d’autres usages domestiques ou comme source de fumier pour leurs terres pendant les inondations.

Fisherman and children at the shore of Sanaga River (photo@green Connexion).

Sand collection at the shore of the river

L’extraction du sable est l’activité la plus lucrative de tout le bassin de la Sanaga. On peut voir quotidiennement plusieurs milliers de « pêcheurs de sable » comme on les appelle plonger tout au long de la rivière, ou conduire de lourds canoës remplis de sable, ou encore chargeant des camions. Plusieurs centaines de camions peuvent ainsi être chargés chaque jour sur les bords du fleuve. Les adultes aussi bien que les enfants prennent part à cette activité.

A cause de son débit important, la Sanaga est très sollicité pour la construction des barrages. En effet, à travers tout le bassin de la Sanaga, deux types de barrages sont construits : les barrages hydroélectriques pour la production directe de l’électricité (Edéa, Song Loulou) et les barrages de retenue pour la régulation du flot dans la rivière Sanaga (Mbakaou, Bamendjin, Mapé et Lom-Pangar).

Edea hydroelectric dam. Photo@ Green Connexion

Nachtigal rapids on the Sanaga River. Photo@Green Connexion