Green Connexion (GC) est un groupe environnemental, travaillant pour la conservation de la biodiversité et la protection de l’environnement. Pour la conservation de la biodiversité, sa stratégie est essentiellement calquée sur la Stratégie Globale pour la Conservation de la CDB (Convention sur la Diversité Biologique) ainsi que la Stratégie Nationale et Plan d’Action pour la biodiversité (NBSAP) au Cameroun. Pour la protection de l’environnement, GC respecte la loi Camerounaise N°96/12 du 05 Août 1996, loi-cadre sur la gestion environnementale, Titre III, Chapitre V sur la gestion des ressources naturelles et la conservation de la diversité biologique, Article 62.
Au cours de l’exercice 2018, Green Connexion a conduit plusieurs actions, et donc les plus importantes sont les suivantes:
II.1. Projet « Développer un système accessible d’information sur la biodiversité pour un développement durable au Cameroun ».
Ce projet inclut trois acteurs institutionnels majeurs : UICN, Green Connexion et le Ministère de l’Environnement, de la Protection de la Nature et du Développement Durable (MINEPDED). Il a trois objectifs principaux qui sont : 1) Etablir et renforcer les installations nationales d’information sur la biodiversité, avec pour attente l’augmentation de la capacité nationale à la gestion de l’information liée à la biodiversité au Cameroun 2) Augmenter le volume de données disponibles sur la biodiversité, pendant et après la période de la bourse, avec pour attente l’établissement des facilités nationales d’information sur la biodiversité, incluant la mise en place des infrastructures et des comités de gestion de l’information au Cameroun et 3) Publier les données sur la biodiversité pour répondre aux priorités nationales.
II.1.1. Rôle de Green Connexion dans le projet
De manière générale, Green Connexion était chargé de mettre en œuvre le volet « mobilisation et numérisation des données » sur la biodiversité floristique en nombre et qualité ; plus spécifiquement :
II.1.2. Mise en œuvre du volet mobilisation des données.
Les principaux membres de Green Connexion chargés de ce travail étaient le Coordonnateur, un Chercheur assistant et un Informaticien. Ils ont au préalable procédé à un apprentissage du langage Darwin Core (qui est un ensemble de standards pour le partage des données de biodiversité, développé par le groupe international Biodiversity Information Standards (TDWG) et qui permet aux propriétaires des données de publier leurs informations dans un format (e.g. archives Darwin Core) qui pourra être compris et utilisé par tous). Par la suite, ils ont procédé à la mobilisation et la numérisation des données systématiques et géographiques sur les fruits forestiers comestibles du Cameroun ; quelques plantes aquatiques d’eau douce du Cameroun; les données récentes sur les plantes endémiques et menacées d’extinction; les données sur plantes médicinales et enfin les données sur les rotins et les raphias du Cameroun. Pour chaque catégorie de données, une check liste était confectionnée ainsi que des données d’occurrences.
La mobilisation des données reposait sur la collecte d’information issue des articles et documents publiés en ligne. Quelque fois, elle reposait aussi sur la consultation des échantillons d’herbier. Le tableau ci-dessous présente les statistiques sur le nombre de données traitées et publiées sur l’interface GBIF du Cameroun.
Tableau. Statistique sur les données numérisées
N° | Type de plantes | Catégorie | Check list | Occurrence |
1 | Fruits sauvages comestibles | 253 | 976 | |
2 | Plantes aquatiques d’eau douce | 70 | 224 | |
3 | plantes en danger et menacées d’extinction | 27 | 109 | |
4 | Plantes médicinales | Antidiabétiques | 4 | 31 |
Antihypertenseurs | 5 | 53 | ||
Anti-malaria | 19 | 205 | ||
Anti-typhoïdique | 5 | 35 | ||
5 | Rotins & Raphias | 29 | 69 |
Par la suite, l’équipe de Green connexion a été invitée à prendre part à l’atelier de renforcement des capacités et de mobilisation des institutions détentrices des données sur la biodiversité tenue à Douala du 05-07 Décembre 2018. Cet atelier avait pour objectif de renforcer les capacités des contributeurs sur l’utilisation de l’Interface du Système d’Information sur la biodiversité (SIB) et de formuler des recommandations sur le type et la qualité des données devant être publiée. Au cours de cet atelier, Green Connexion a fait une présentation sur son implication dans le projet et les statistiques de données mobilisées, numérisées et publiées. Green Connexion a également fait une présentation sur l’étude de cas pratique sur la contribution à la liste rouge de l’UICN. Cette présentation a ressorti la nécessité de donner un statut de conservation pour une espèce et présenter les différentes étapes donnant lieu à l’attribution du statut de conservation.
II.2.1. Objectifs applicables à Green Connexion
Ce projet avait pour objectif selon les TDr de poursuivre les prospections de deux espèces de Ledermaniella à savoir L. sanagaensis et L. thalloïdea, et de collecter le matériel génétique à maintenir dans une banque de graines.
Les zones à prospecter incluaient : le fleuve Sanaga et ses principaux affluents en amont des chutes de Nachtigal, le fleuve Mbam vers Bafia à plusieurs endroits considérés propices à leur installation, et enfin les rivières Mpem et Djim dans le Parc National du Mpem et Djim.
Plus spécifiquement, il était question, pendant une période de 12 mois de :
II.2.2. La mise en œuvre
II.2.2.1. La prospection botanique et la mise à jour cartographique
Tous les cours d’eau ciblés pour des inventaires poussés en 2018 ont été visités. Il s’agit de la Sanaga et ses affluents, du Mbam, du Mpem et du Djim. Globalement 21 stations ont été visitées parmi lesquelles 8 nouvelles, qui n’avaient pas été visitées lors des campagnes précédentes. Sur le Mbam, il s’agit de Biamo, Nchiaya, Nchiaya bac et de Bayomen ; sur le Djim il s’agit de Mekobim et Kampom ; enfin sur le Mpem il s’agit de Mbom 1 et Mbom 2.
La plupart des stations visitées sur le Mbam en amont du point 4,78˚-11,29˚ ne montrent aucune trace de Podostemaceae. En dehors de celles-ci, les autres points visités sur les différents fleuves présentent des espèces de plantes aquatiques en général et des Podostemaceae en particulier. Dans l’ensemble, 29 collectes ont été effectuées pour un total de 14 taxons : Ledermanniella sanagaensis, Inversodicraea boumiensis, Ledermanniella linearifolia, Ledermanniella pusilla, Ledermanniella bifurcata, Ledermanniella sp., Ledermanniella sp. nov., Letestuella tisserantii, Tristicha trifaria, Dicraeanthus africanus, Dicraeanthus zehnderi, Leiothylax quangensis, Marsdenia abyssinica et Pistia stratiotes. Depuis l’exercice 2016, une nouvelle espèce (probablement un nouveau genre) avait été découverte sur le Mbam (Ledermanniella sp. nov. ci-dessus). Cette espèce a également été retrouvée en 2018.
Pour ce qui est des espèces cibles que sont Ledermanniella sanagaensis et L. thalloidea, la première a été retrouvée sur le Mbam en 2018 à Enangana ainsi que sur la Sanaga à Nachtigal. Ces deux points sur ces deux cours d’eau avaient déjà été répertoriés lors des campagnes précédentes, et aucune nouvelle population de cette espèce n’a été découverte. Depuis la mise en eau du barrage de Lom Pangar, malgré tous les efforts de prospection fournis, L. thalloidea n’a plus été retrouvée ni sur la Sanaga ni ailleurs lors des différentes prospections.
Les capsules sèches de Ledermanniella sanagaensis ont été récoltées sur le Mbam. Ce matériel a été traité à l’Herbier National du Cameroun, et une partie de ces graines a été transférée au Conservatoire et Jardins Botaniques de la ville de Brest (France).
II.2.2.2. Les analyses des paramètres biologiques et physico-chimiques
Quoique les Ledermanniella linearifolia aient une taille plus importante que celle des Ledermanniella sanagaensis (1 cm contre 0,5 cm), ils possèdent une densité beaucoup plus importante à l’état stérile (environ 180000 individus/m2 contre un maximum de 25000 individus/m2 comptés en 2015). Il est possible que cette densité soit moins importante en saison sèche quand le niveau de l’eau baisse et que la plante fleurit.
Dans l’ensemble les deux espèces partagent une écologie identique : Distance par rapport à la rive (souvent moins de 10 m), profondeur par rapport au fond et à la roche faible, même roche de fixation (le gneiss), facies d’écoulement rapide etc.
L’objectif de cette rubrique était de déterminer les paramètres physico-chimiques des eaux dans lesquelles le genre Ledermaniella se développe sur le fleuve Mbam et Sanaga respectivement dans les villes de Bafia et Obala. Différents paramètres ont été identifiés comme jouant un rôle important dans la croissance de ces espèces. Parmi ces facteurs, nous pouvons citer, l’effet du climat (saison sèche/pluie) et les variables environnementales que sont particulièrement la turbidité, la conductivité, l’oxygène dissous et la température.
Le genre Ledermaniella est une plante benthique submergée de la famille des Podostemaceae et joue un rôle important dans l’écologie des rivières tropicales. Les différents attributs des Podostemaceae que sont la production primaire contribuant au carbone autochtone, la source de nourriture importante pour les herbivores aquatiques (Gessner & Hammer 1962), leur contribution dans l’absorption et la libération des nutriments ainsi que leur participation comme substrats pour divers assemblages de la flore microscopique épiphyte ainsi que pour l’habitat faunique, font que les habitats des espèces de cette famille méritent d’être conservées et protégées. C’est la raison pour laquelle les eaux des fleuves Mbam et Sanaga ont été échantillonnées au cours de l’année 2018 pendant les mois d’Avril, Août, Septembre et Octobre.
Ce travail préliminaire qui visait à caractériser les groupes d’algues colonisant les milieux riches en Podostemaceae ainsi que ceux en relation avec les racines de ces plantes a révélé que les échantillons collectés au niveau des racines des Podostemaceae abritent une flore algale plus diversifiée, essentiellement représentée par les Cyanobactéries, les Chlorophytes et les Dinophytes. La diversité des diatomées a également présenté des valeurs élevées au niveau des échantillons collectés dans les racines des Podostemaceae. Sous réserve d’autres analyses sur les échantillons collectés en périodes des basses eaux, ces résultats laissent penser qu’il existerait une certaine relation ou symbiose entre les algues et les racines des Podostemaceae.
La Journée Internationale de la Biodiversité se tient le 22 Mai chaque année. Le thème de la célébration cette année était intitulé « Célébration de 25 ans d’action pour la biodiversité ». Green Connexion a mis un accent particulier dans les préparatifs de cette journée, qu’il a ensuite célébré, de concert avec la terre toute entière et dans un faste digne des grands évènements. Green Connexion, composé d’une Cinquantaine de ses membres, a rendu des visites de courtoisie, d’abord au CIFOR (Centre for International Forestry Research), puis à WWF (World Wildlife Fund). Il était ainsi question de partager avec ces organisations leurs expériences sur la biodiversité et discuter de l’avenir du monde.
Green Connexion a par la suite participé, en collaboration avec l’IUCN, a une exposition qui s’est tenue à l’esplanade du MINEPDED-Cameroun (Ministère de l’Environnement et de la Protection de la Nature) pendant deux jours (du 23 au 24 Mai 2018).
Green Connexion a eu l’insigne honneur cette année, d’être invité à participer à la COP 14 (Quatorzième conférence des Parties de la Convention des Nations Unies sur la Diversité Biologique (CDB)), organisée à Sharm El Sheikh (Egypte) du 17 – 29 Novembre 2018. Le thème de la COP 14 était « Investir dans la biodiversité pour les hommes et la planète ». En sa qualité d’observateur, si Green Connexion ne pouvait participer aux décisions (prendre part aux votes), il pouvait assister aux séances, participer à des débats et, sur ce chapitre, sa longue expérience dans le domaine de la conservation de la biodiversité a compté. En invitant Green Connexion ainsi que beaucoup d’autres Organisations Non Gouvernementales (ONG) à travers le monde, les Nations Unies ont misé sur toutes leurs ressources en matière de crédibilité, afin que cela apporte une plus-value à cet évènement planétaire qu’est la COP 14.